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Po B. K. Lomami, Mons2015
Mons, Belgium, 2015
11 septembre 2015
Karbon Kabaret : L’esprit liégeois orchestré par Fabrice Murgia
Tout le monde en parle… Karbon Kabaret est le rendez-vous immanquable pour fêter la Wallonie dans la province de Liège. Ce cabaret urbain envahira la Place Saint-Lambert au coeur de la cité ardente le samedi 19 septembre.
Ce projet est une création collective à part entière avec plus de 250 personnes (artistes, artisans, associations, citoyens…) qui vont parler de l’esprit liégeois de multiples façons. Chorales, street art, acrobaties, bmx, marionnettes géantes, projections d’oeuvres contemporaines et d’archives, arts visuels, danse, poésie, installations, pyrotechnie, concerts, bals, orchestres, DJ… s’exprimeront dans une ambiance familiale et populaire, le tout, et sans contradiction, avec une haute exigence artistique. Fabrice Murgia, chef d’orchestre du grand soir, nous présente ce projet ambitieux.
Po B. K. Lomami : Qu’est-ce que le projet Karbon Kabaret ?
Fabrice Murgia : Au départ c’est une commande de la Province de Liège dans laquelle il s’agissait de travailler sur le traditionnel et le tissu associatif de la Province et j’ai eu envie d’y introduire aussi des artistes contemporains. C’est ce mélange qui caractérise Karbon Kabaret : l’idée que des artistes d’aujourd’hui dans beaucoup de disciplines différentes puissent s’emparer des valeurs liégeoises et jouer le jeu d’effectivement se mélanger à ce traditionnel. L’idée aussi ici est qu’on n’est pas dans un event mais carrément dans une véritable création et donc de laisser les artistes s’exprimer et parler de leur terroir car tous les artistes présents sur le plateau sont liégeois.
P.L. : Comment se saisit-on de l’âme de Liège et de son folklore ?
F.M. : Cela commence par le recensement de ce qui existe dans la province, une espèce de magasin de choses un peu extraterrestres l’idée étant de proposer un spectacle qui ne pourrait exister qu’ici et dont on pourrait raconter l’histoire que de cette manière en le créant à Liège par des liégeois. Il y a eu un recensement sur plusieurs plans : sur le plan des disciplines et des artistes contemporains et sur le plan des traditions.
P. L. : Comment parvenir à composer entre l’histoire de Liège et les histoires que Liège se raconte à elle-même ?
F. M. : On ne peut pas parler de l’histoire de Liège de façon générale. On ne peut pas parler de la Province comme ça, on doit parler des petites histoires. Cela se fait avec des témoignages personnels sur ce qu’est Liège, c’est-à-dire des souvenirs d’enfance, de la maison dans laquelle on a grandi… C’est à partir de là que commencent à naître des histoires qui sont universelles, qui ne sont pas des clichés, sinon on aurait carrément demandé à des historiens de venir parler de Liège. Ici, on veut des sensibilités.
P.L. : Vous annoncez une ambiance populaire et familiale, le tout avec une haute exigence artistique…
F.M. : Notre challenge c’est vraiment d’amener quelque chose de l’ordre de l’entertainment mais avec une qualité de travail artistique qui ne tient finalement qu’au savoir-faire des personnes présentes sur le plateau. Que ce soit des majorettes ou des artistes peintres, l’idée est que tout le monde joue le jeu de l’entertainment, c’est-à-dire s’adresser à un public large alors qu’à priori ce n’est pas forcément de là qu’on vient. C’est aussi faire un pied-de-nez à tout ce qui peut se passer sur le plan du culturel facile. C’est très facile de faire un spectacle, c’est plus compliqué de raconter des histoires dans lesquelles on livre un témoignage du monde ou son point de vue sur le monde.
P.L. : Qu’est-ce que ce projet représente pour vous et votre parcours ?
F.M. : Pour moi c’est très chouette dans mon parcours parce que même si on tourne beaucoup avec la compagnie (Artara), on a rarement l’occasion de sortir du schéma classique et c’est aussi ma réaction à un monde culturel trop fermé sur lui-même. C’est un beau challenge. Ça nous sort des salles et ça nous sort aussi des collaborateurs habituels parce qu’on doit par exemple travailler avec l’associatif et c’est une chose formidable.
Karbon Kabaret s’annonce comme le récit de chacun et chacune pour construire un commun : l’esprit liégeois. Une poésie populaire, à l’image de la diversité portée par l’âme de ce territoire, se transmettra dans une ambiance festive lors des Fêtes de Wallonie. Le spectacle se prolongera en grand bal électro sur la Place Saint-Lambert dès 22h30 avec une programmation de choix pour transporter le public jusqu’au bout d’une nuit ardente. Soyez prêts !